Rapport national sur l’état du phénomène des drogues et des toxicomanies au Grand-Duché de Luxembourg (RELIS 2016 – édition 2017)

Le rapport national sur l’état du phénomène des drogues et des toxicomanies au Grand-Duché de Luxembourg (RELIS 2016) vise à situer le contexte dans lequel s’inscrivent l’usage et le trafic illicites de drogues et les toxicomanies au niveau national.

Usage de drogues illicites: tendances mondiales et européennes

À l’échelle mondiale (UNODC 2017), le nombre global de personnes âgées de 15 à 64 ans ayant consommé au moins une drogue d’origine illicite au cours de l’année 2015 a été estimé à 250 millions, ce qui équivaut à 1 personne sur 20 au niveau de la population mondiale dans cette classe d’âge. L’usage à caractère problématique de drogues illicites concerne quelque 29 millions de personnes, dont 12 millions sont des injecteurs. Le cannabis reste de loin la drogue la plus consommé(1) au monde (183 millions de personnes, équivalent à 3,8% de la population mondiale telle que définie). Le nombre d’usagers des stimulants de type amphétamine (STA) s’élèverait à 37 millions de personnes (0,77%). La prévalence de "l’ecstasy" (21,6 millions de personnes ou 0,45% de la population) a diminué par rapport aux données de 2009. Le nombre de consommateurs d’opiacés se situe à environ 17,7 millions de personnes (0,37%).

Au sein de l’UE, selon les dernières données de l’Observatoire européen des drogues et des toxicomanies (OEDT, 2017), 93 millions de personnes ont déjà consommé une drogue illicite au cours de leur vie. Par ailleurs, des niveaux records du nombre de personnes en traitement sont observés (1,4 million d’Européens en 2015).

En ce qui concerne le cannabis, environ 1% d’Européens adultes (de 15 à 64 ans) consomment du cannabis quotidiennement ou presque quotidiennement. 13,9% de jeunes Européens âgés entre 15-34 années ont consommé du cannabis au cours de l’année écoulée. Les amphétamines et l’ecstasy demeurent les stimulants de synthèse les plus fréquemment consommés en Europe. Aussi, le nombre, les types et la disponibilité de nouveaux produits psychoactifs en Europe ont continué à croître. La mondialisation, les avancées technologiques et l’internet ont contribué au développement d’un marché ouvert à ces mêmes produits.

Usage de drogues illicites à l’échelle nationale

On observe au Grand-Duché de Luxembourg une tendance longitudinale à la baisse de l’usage problématique de drogues d’origine illicite. Sur base de données actualisées, on estime aujourd’hui que le nombre de personnes qui présentent ce type d’usage au Luxembourg se situe autour de 2.200 ce qui équivaut à un taux de prévalence  de 5.8 usagers par 1.000 habitants âgés entre 15 et 64 ans. En l’an 2000 ce même taux équivalait à 9 usagers sur 1.000 habitants et figurait alors parmi les plus hauts au sein de l’Union européenne. Une évolution similaire à la baisse est également observée pour ce qui est de l’usage par injection dont le taux de prévalence est passé de 5.7/1.000 en 2009 à 3.8/1.000 en 2015.

Par ailleurs, selon les résultats de la dernière enquête nationale représentative (EHIS, 2016), l’ampleur de l’usage de drogues illicites au sein de la population générale est inférieure à la plupart des taux de prévalence moyens de l’UE et généralement moins élevée que dans les pays voisins du Luxembourg, surtout en ce qui concerne leur usage récent.

Demande de traitement et offres de réduction des risques

Le nombre d’usagers de drogues en traitement est plus élevé que jamais et le nombre de contacts avec les structures d’aide et de réduction des risques nationales est en hausse depuis plusieurs années pour atteindre plus de 150.000 épisodes de contacts en 2016. Une grande partie des offres spécialisées pour personnes toxicodépendantes sont entretemps disponibles dans différentes régions du Grand-Duché.

Parallèlement, on note une augmentation continue du nombre de seringues stériles distribuées par des offres de plus en plus diversifiées dans le cadre du programme national d'échange de seringues entre 2013 et 2016 (2013: 190.257 ;  2016: 423.060 seringues stériles distribuées). Le taux global de retour de seringues usées a augmenté pendant cette même période et se situe actuellement à 94%.

Morbidité et mortalité associées à l’usage de drogues

Les stratégies d’encadrement de la problématique de drogues et des addictions reposent sur une équation complexe. Le changement d’un facteur de cette équation, comme la qualité et la pureté des drogues consommées, l’émergence de nouvelles substances sur le marché ou encore la situation économique générale ont un impact sur la prévalence et les comportements d’usage de drogues, qui à leur tour peuvent avoir une influence notamment sur l’état de santé, la propagation de maladies ainsi que la précarisation et la mortalité des usagers en question.

Une illustration de cette dynamique est la hausse des nouvelles infections au VIH parmi les injecteurs de drogues à partir de 2014, attribuable en partie à l’usage par injection accru de cocaïne dont la disponibilité a augmenté au cours des dernières années. Si les données encore incomplètes pour 2017 laissent entrevoir une première baisse du nombre d’injecteurs de drogues parmi les cas de nouvelles infections au VIH, il s’agit de rester vigilant, car l’incidence VIH reste élevée et notamment la prévalence des infections à l’hépatite C parmi les usagers de drogues demeure importante. La consolidation de nouvelles approches adoptées pour atteindre les usagers marginalisés, sans ou en perte de contact avec le réseau de soins reste dès lors un des objectifs prioritaires dans ce contexte. 

Depuis le déploiement des plans d’action nationaux en matière de drogues et de toxicomanies, une tendance globale à la baisse des décès par surdosage s’observe au niveau national. Si en 2000, 26 victimes d’une surdose fatale ont dû être déplorées, ce nombre était de 5 personnes en 2016 ce qui place le Luxembourg aujourd’hui parmi les pays avec les taux de mortalité directe associée à l’usage de drogues les plus bas de l’UE. Les données encore incomplètes pour 2017 pointent vers une prévalence comparable à celle de 2016.

(1) La prévalence et les taux de prévalence par produit se rapportent à la consommation au cours de l’année écoulée de personnes âgées de 15 à 64 ans.

Communiqué par le ministère de la Santé

Organisation

Ministère de la Santé
Luxembourg Institute of Health (LIH)