Allocution de Lydia Mutsch à l'occasion de la Journée thématique "Virage vers l'ambulatoire"

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"Monsieur le Directeur,

Chers professionnels de santé,

Mesdames, Messieurs,

C’est un grand plaisir pour moi de participer à l’ouverture de cette journée, organisée par le pôle appareil locomoteur et le service d’anesthésie des Hôpitaux Robert Schuman, journée consacrée à la récupération améliorée après chirurgie et au virage vers l’ambulatoire.

L’association de ces deux concepts est pour moi forte de sens ; sens en faveur de la qualité et de la sécurité des soins offerts à nos patients, et sens pour l’optimisation des soins et des ressources disponibles.

Il va sans dire, qu’à l’heure de la mise sous presse de la nouvelle loi hospitalière, je me réjouis particulièrement que cette double thématique, qui vise les mêmes objectifs, réunisse les professionnels de l’hôpital (médecins, soignants, pharmaciens, kinésithérapeutes), mais aussi des représentants des soins à domicile et des professionnels œuvrant pour le déploiement du dossier de soins partagé.

C’est en travaillant ensemble et en coordination que la garantie de la continuité des soins peut être assurée avec un bénéfice pour le bien-être du patient. 

Au Luxembourg, l’accentuation du virage ambulatoire a été une volonté de tous les acteurs de la santé, qu’ils soient professionnels, patients, financeurs avec des objectifs communs : qualité et sécurité des soins pour un retour le plus vite possible à la qualité de vie pour le patient !

Déjà évoqué lors des travaux préparatoires à la réforme des soins de santé en 2010, le programme gouvernemental de 2013 a retenu parmi ses priorités d’accentuer le virage ambulatoire.

En 2014, le groupe de travail du Conseil scientifique du domaine de la santé, dont vous étiez alors Président, Dr Schummer, a proposé des recommandations pour l’implémentation des pratiques ambulatoires dans le respect des spécificités du patient, et proposé de suivre les progrès de l’ambulatoire pour certaines interventions chirurgicales.

Je vous engage à relire ces documents qui ont été à la base du déploiement d’une première liste de gestes chirurgicaux éligibles de manière prioritaire à la chirurgie ambulatoire. Au cours des années qui ont suivi, nous avons ainsi pu constater, au travers des informations collectées dans la carte sanitaire, l’évolution du taux de chirurgie réalisée en ambulatoire.

Nous sommes ainsi passés de 53% des chirurgies pour cataracte réalisées en ambulatoire en 2011 à 84% en 2016.

Pour les gestes éligibles de la chirurgie de l’appareil locomoteur (sujets de plusieurs exposés au programme de cette journée), la moitié était réalisée en ambulatoire en 2011, et seulement 4% de plus en 2016. Globalement, toutes spécialités confondues, pour ces 53 gestes éligibles appelés aussi « actes traceurs », environ 60 % sont réalisés en chirurgie ambulatoire en 2016 contre 50% en 2011.

Ces chiffres montrent des progrès encourageants, mais il reste une marge d’amélioration : selon les données publiées par l’OCDE pour 2015, le pourcentage d’opérations de la cataracte réalisées en soins de jour était de plus de 95% pour la moitié des pays tels le Danemark, les Pays-Bas, la Belgique ou l’Italie avec une moyenne des pays de l’OCDE de 87%.

Il y a donc encore une marge de progression pour le Grand-Duché.

C’est peut-être ce que représente la photographie sur votre flyer d’invitation: Le virage est serré et demande une préparation, une anticipation et une certaine maîtrise du véhicule par le conducteur pour qu’il soit négocié en toute sécurité.

Planification, organisation, coordination, maîtrise, sécurité, voilà des mots qui me semblent tout à fait appropriés, qu’il s’agisse de la conduite d’un véhicule ou de la chirurgie ambulatoire et de l’approche proposée par la récupération améliorée après chirurgie.

Concernant la planification, les services d’hospitalisation de jour chirurgicale et non chirurgicale vont faire l’objet d’autorisations de services dans le cadre du nouveau plan hospitalier.

Ils ont été définis par la loi hospitalière, et leur capacité n’est intentionnellement pas limitée en nombre de lits ou de places afin de favoriser le déploiement de cette activité au sein des établissements de soins.

La qualité, la sécurité et la coordination des soins sont au cœur de la loi hospitalière. Cette loi jette les bases des normes attendues pour les services, met en lumière les liens fonctionnels entre les services, les procédures organisationnelles, et oblige à la formalisation de conventions entre les établissements pour certains domaines.

La mise en place de réseaux de compétences, qui vont être formalisés dans un second temps, vise à assurer une prise en charge interdisciplinaire intégrée des patients en garantissant le respect de critères de qualité élevés par tous les prestataires, qu’ils soient hospitaliers ou extrahospitaliers, et y compris les établissements de recherche.

Dans ce contexte, l’approche de la récupération améliorée après chirurgie (ou RAAC), qui a pour finalité le rétablissement précoce des capacités du patient après chirurgie, pour un retour le plus rapide possible vers l’autonomie, s’intègre tout à fait comme un facilitateur pour les objectifs poursuivis par la loi hospitalière.

Cette approche, développée initialement au Danemark, a montré des résultats en matière de qualité des soins et d’efficience et a été source d’un engouement des professionnels qui se sont questionnés et réappropriés leurs pratiques.

Le concept de récupération améliorée après chirurgie place le patient au cœur du dispositif car il s’engage en participant activement à sa réhabilitation. C’est un acteur majeur de cette approche.

Sans sa participation, sans documentation efficace, et sans organisation du relai pour le retour à domicile, cette approche n’est pas possible.

Le Luxembourg a déjà montré sa volonté d’aller de l’avant en plaçant le patient au cœur du système de soins et en veillant à la qualité de son information et à sa capacité de décision quant à sa santé. Je ne doute pas que cette approche, qui a fait ses preuves dans d’autres pays, et qui est portée ici par des professionnels engagés dans la qualité et l’amélioration des pratiques, trouve sa place et démontre ses effets.

Mais je ne voudrais pas retarder plus les interventions des différents conférenciers qui vont pouvoir, au travers d’échanges stimulants sur leur expertise et leur expérience dans le domaine, nous interroger sur nos pratiques nationales et nous inspirer pour améliorer l’organisation, la qualité et la sécurité de nos soins. 

Je souhaite plein succès à cette journée ainsi que des échanges fructueux et de qualité, porteurs d’innovation et d’amélioration des pratiques professionnels."

Membre du gouvernement

MUTSCH Lydia

Organisation

Ministère de la Santé

Date de l'événement

09.03.2018